« Au 3, place Louise, dans le grand box de 300 m 2 du Crossfit Lyon, des athlètes courent, grimpent et sautent à la corde, soulèvent des balles de 9 kg, des poids, des altères et tout un tas d’objets pour s’entraîner. Pour seul décor, un tableau blanc est accroché au mur. En fait, ce n’est pas un simple tableau blanc, mais un « WOD Board » s’il vous plaît. C’est-à-dire un tableau de suivi, de report des scores. L’entraînement crossfit s’articule en effet autour des WOD (WorkOut of the Day) : chaque jour un WO (WorkOut) est choisi, puis exécuté après une séance d’échauffement. Les WODs sont composés d’un ou plusieurs exercices, le tout enchaîné suivant différents formats. Parce que le crossfit c’est ça : des enchaînements de performance physique croisés. Début de la séance d’initiation à 18 heures. Présentation et conseils par Nicolas, 25 ans, le coach, diplômé d’un master en Préparation physique.
Les dés sont jetés.
C’est parti pour un début d’échauffement, de base, avec des gestes simples de mobilité. Pour apprendre ou réapprendre à bouger.
Vient ensuite la partie technique : courir, porter des charges, renforcer les mouvements moteurs. Porter des poids, des tubes en plastique, à bout de bras. Faire des aller-retours à quatre pattes, pieds et mains au sol. Me voilà à faire l’araignée. Puis des pompes. C’est à ce moment précis que m’est revenu ce que j’avais lu sur le sujet : « Le crossfit est utilisé par plusieurs régiments militaires, services de polices et de pompiers. » Je comprends mieux. Sans avoir effectué de lourds efforts, je me rends compte que l’enchaînement de petits gestes demande une certaine condition physique.
Mais pas le temps pour les états d’âme, aujourd’hui, au tableau, est prévu un Amrap (As many rounds as possible : autant de tours que possible) de six minutes. Concrètement, tout se joue sur la performance finale : six minutes durant lesquelles il me faudra m’accroupir six fois, porter six fois une balle de 2,5 kg (poids adapté à ma condition), la jeter chaque fois au mur et la rattraper. Enchaîner six tirages, soit six tractions, des barres, des anneaux. Enchaîner sans m’arrêter mes deux sprints aller- retours. Et retourner encore m’accroupir, jeter la balle, et recommencer autant de fois que possible. As much round as possible. Top chrono, six minutes. Top départ performance. Un effort de tous les instants. L’impression que le corps se met à parler.
Rouge écarlate mais fière, je termine mon WOD, comprenant alors que mon corps contient des muscles bien peu sollicités d’habitude. « Deviens meilleur que toi », le slogan a du sens.
Au final, lors de cette séance, je me suis sentie accompagnée, coachée, mais seule face à mon corps, qui malgré les étirements et les litres d’eau recommandés, n’a pas échappé aux courbatures… »